Saint Nicolas, archevêque de Myre est un pilier du christianisme dont la figure est universellement connue. Cependant, sa notoriété et son image ont subi des déformations au XXe siècle, si bien que de grands rivaux du Saint sont apparus. Dans les pays d’Occident, « Santa Claus » un nain en couvre chef rouge apparait avec la modernité. Ce personnage est directement tiré de Saint Nicolas puisque c’est une évolution de son nom hollandais : Sinter Klaas. Dans les pays post union-soviétique, on trouve un autre rival : le « Grand-Père Gel ». Ce personnage est tiré de mythes slaves et adaptés par les communiste pour remplacer la grande figure de saint Nicolas. C’est un fait, l’évêque de Myre est tombé dans l’oubli et contraint à l’exil dans les pays occidentaux, triste témoignage de la condition spirituelle de notre société.
Le nom Nicolas vient du grec et signifie littéralement « vainqueur des nations ». Et en effet, ce saint, né à Patara en Asie Mineure, est devenu le bienfaiteur de toute la chrétienté. De son vivant déjà, Nicolas de Myre est devenu célèbre par ses œuvres de charités. Cette charité abondante pourrait nous faire oublier son activité de Pasteur qui annonce la Bonne Nouvelle à son peuple (qui de fait est peu connue aujourd’hui). Lors de la persécution de Dioclétien, Nicolas a subi la prison et a encouragé les chrétiens à rester fidèles au Christ. Après l’édit de l’empereur Constantin, saint Nicolas fait de nombreux efforts pour déraciner le reste du paganisme et implanter le christianisme en profondeur dans les sociétés.
Père du concile de Nice (en 325), Nicolas de Myre défend indéfectiblement la divinité de Jésus-Christ. Lors du débat conciliaire, enflammé par la sainte colère, il gifle Arius à cause des blasphèmes et hérésies qu’il professe. Les pères conciliaires, trouvant injustifiable le comportement de Nicolas, le privent de sa charge épiscopale et l’emprisonnent dans un cachot, qui se visite encore aujourd’hui à Nice. Certains pères conciliaires ayant eu une vision du Christ et sa Mère remettant les insignes épiscopaux à leur confrère emprisonné restituèrent sa charge à l’évêque.
La vie apostolique de saint Nicolas est enrichie de dons charismatiques, et entre autres la bilocation. Apparu à des marins en péril voyageant de l’Égypte en Asie Mineure, il a sauvé le navire tenant lui-même les commandes. Cet événement explique la notoriété de saint Nicolas comme patron des navigateurs.
Au fil du temps, Saint Nicolas est devenu un des saints les plus populaires au monde. Dès son décès survenu le 6 décembre 345, la foule saisit la puissance thaumaturgique (capacité à faire des miracles) de Nicolas de Myre. Il parait que la Providence Divine a fait transférer le corps du saint de l’Orient en Occident en 1087.
Aujourd’hui encore, en orthodoxie slave, on célèbre une deuxième fête pour Saint Nicolas en mémoire de cette translation. Le 6 décembre on fête la Saint Nicolas Froid et le 9 mai, la Saint Nicolas Chaud. Un grand prédicateur et écrivain catholique de l’époque post tridentine, le père jésuite Piotr Skarga explique ainsi l’événement de la translation du corps de saint Nicolas : les saints de Dieu des Églises Orientales qui se sont séparées de l’unité ecclésiastique, s’en sont allées, afin que même leurs ossements crient qu’il faut demeurer avec saint Pierre. Il condamnait la stupidité du schisme et affirmant que personne ne peut être sauvé hors de l’unité catholique. Les corps de presque tous les Apôtres et docteurs grecs se trouvent à Rome ou en Italie.
Il est indéniable que malgré l’absence du corps de saint Nicolas en Orient, il est l’un des saints les plus vénérés de l’orthodoxie. En Russie notamment, il est patron du pays et dans la piété populaire, il se place juste après la Très Sainte Vierge Marie. Il n’y a aucune église ou maison orthodoxe sans une icône de l’évêque de Myre. En mai 2017, suite à la rencontre du pape François avec le patriarche de Moscou, Cyrille (qui eut lieu a Havane le 12 février 2017), une des côte de saint Nicolas a fait son pèlerinage en Russie, passant notamment par Saint-Pétersbourg et Moscou, où plus de deux millions des fidèles se sont rassemblés pour vénérer la relique et rendre hommage au saint.
Aujourd’hui thaumaturge de l’Orient, Saint Nicolas était autrefois également le thaumaturge et le patron dans tout événement humain en Occident. Si certains osent dire dire que saint Antoine de Padoue, en devenant au XIII s. le thaumaturge de l’Occident, a détrôné l’évêque de Myre, mais le nombre des églises qui portent le vocable de saint Nicolas en Occident témoigne clairement le rôle et la puissance d’intercession de Nicolas. On trouve par exemple une église Saint Nicolas près du séminaire de Courtalain à Droué. C’est également le nom d’une des églises les plus connue de Paris.
Les reliques de saint Nicolas recevaient et reçoivent les hommages entre autres, sur l’ile vénitienne de Lido, à Egmonde aux Pays-Bas, depuis 2021 à la basilique Saint Nicolas à Amsterdam, ainsi qu’en France : à Gorze en Moselle, à Saint-Nicolas-de-Port (les doigts de la main droite), à Lille (une dent), à Corbie et à Toulouse.
Encore aujourd’hui, nous avons des témoignages sur le culte et l’efficacité de l’intercession de saint Nicolas dans l’Église catholique. Par exemple, le sanctuaire de Pierściec au sud de la Pologne, tout près de la frontière avec la République Tchèque, possède une statue polychromée du XIVe siècle représentant saint Nicolas. Les fidèles touchent la statue miraculeuse avec des morceaux de tissus qui, même de nos temps, sont des moyens des grâces et des véritables guérisons.
Saint Nicolas ne cesse d’opérer des miracles par les moyens de la manne. C’est un liquide qui coule des ossements du saint et est puisé par la sonde du tombeau de l’évêque de Myre à Bari. Sainte Brigide de Suède a eu, lors de son pèlerinage à Bari, l’apparition de saint Nicolas qui lui a expliqué la signification spirituelle de ce fait insolite. Il lui dit que tous les membres de son corps, lors de sa vie mortelle, étaient prompts au service de Dieu comme un instrument huilé. Le Seigneur Dieu a donné au corps de l’évêque Nicolas ce don de la production de l’huile, car Il exalte ses saints non seulement au ciel, mais Il les réjouis et les fait honorer également sur la terre pour l’édification des hommes et pour qu’ils deviennent des participants de la grâce donnée à ces saints.
Depuis la translation du corps de saint Nicolas de Myre à Bari, l’Ordre des Dominicains est devenu gardien de son précieux corps. De la vénération de saint Nicolas par les frères prêcheurs témoigne le fait que saint Thomas d’Aquin célébrait quotidiennement la Messe au couvent de Toulouse sur l’autel de saint évêque de Myre. En la fête de saint Nicolas en 1273, le Docteur Angélique y a eu une expérience mystique après laquelle il a cessé d’écrire. Thomas d’Aquin éprouve alors que tout ce qu’il a écrit est comme une paille par rapport à la réalité divine.
Nous avons simplement essayé de tracer quelques lignes sur le saint qui, depuis presque dix-sept siècles, continue, en employant l’expression de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, de faire le bien sur la terre. Nous espérons que ces quelques informations ont stimulé les lecteurs à l’effort de la découverte du vrai visage de saint pontife et confesseur malheureusement déformé dans notre monde commercialisé jusqu’au point de perdre les liens de cet illustre personnage, avec Jésus-Christ et le christianisme. Saint Nicolas, inondé de la clarté de la Très Sainte Trinité, attend certainement l’invocation des gens d’ici-bas pour procurer les dons de Dieu dans toutes les circonstances de leur vie.
Abbé Karol Załęski
Institut du Bon Pasteur