Il y a bientôt un mois, le synode des évêques s’est refermé à Rome pour ne reprendre ses travaux que dans un an. Ces derniers mois, cet événement suscitait intérêt et inquiétudes, renforcées par le contexte du chemin synodal organisé en Allemagne, dont les postulats ont été dénoncés par une partie de la hiérarchie catholique comme contraires à l’enseignement traditionnel de l’Église. Qu’en est-il après la clôture de cette première assemblée plénière du Synode des évêques ?
Pour répondre à cette question, il convient en premier lieu de rappeler ce qu’est un synode des évêques. Cette institution récente dans la vie de l’Église, créée après le concile Vatican II, est sous l’entière autorité du pape, qui a tout pouvoir de décision en ce qui concerne la composition et les attributions d’un synode. Actuellement, le synode est composé de certains évêques, de prêtres, de religieuses et de laïques. Le droit de l’Église précise que le synode des évêques n’est qu’un organisme consultatif. Toutes les décisions prises après le synode le sont par le pape lui-même, qui en assume la responsabilité. Une telle construction du synode, qui n’est pas l’équivalent d’un parlement catholique, permet au pape de maintenir son rôle de gardien de la Tradition. Il est celui qui doit affermir la foi de ses frères, comme Jésus l’avait dit à l’apôtre Pierre (cf. Lc 22, 32). C’est le pape qui, après la dernière phase du synode en octobre 2024, prendra ou non les décisions qui seront une réponse à tout le processus synodal ouvert en 2021.
Si le synode ne rend ses conclusions qu’en octobre prochain, nous pouvons d’ores et déjà connaître au moins les directions choisies par les membres du synode qui pourraient être indiquées au pape au terme du processus. Afin d’en s’en faire une certaine idée, il est possible de consulter aussi bien la Lettre au Peuple de Dieu que les membres du synode ont écrite, que le Rapport de synthèse qui regroupe leurs différents points de vue.
Dans la Lettre au Peuple de Dieu, les catholiques rappellent l’importance du silence dans la vie chrétienne ; ce silence a d’ailleurs fait partie intégrante du temps que les membres du synode ont passé ensemble. En effet, il est vrai que chaque chrétien a besoin de se retirer du bruit de notre temps pour connaître la véritable force que peut nous fournir le silence. Mais les membres du synode ont également demandé aux fidèles de l’Église de se rappeler une de leurs tâches fondamentales : celle d’annoncer l’Évangile au monde entier. N’ayons alors pas peur de le faire ! La Bonne Nouvelle apportée par le Fils de Dieu est toujours la même pour les hommes de toutes les époques. Rappelons-nous ces paroles de Jésus : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » (Lc 21, 33). Enfin, en parlant de la Lettre des membres du synode, il faut penser à l’invitation faite aux catholiques de s’exprimer et de s’écouter les uns les autres. Pour les personnes attachées à la liturgie traditionnelle c’est le moment d’exprimer ses opinions. Elles sont d’autant plus importantes que, dans le rapport de synthèse, on peut trouver des éléments qui témoignent de tensions présentes sur ce sujet dans l’Église.
Lorsqu’on lit ce document, on trouve en effet des affirmations sur l’importance des différentes traditions spirituelles pour l’Église, la nécessité d’une meilleure connaissance de nos propres héritages, mais aussi la mention de ce qui est décrit comme « polarisation et manque de confiance » dans le domaine de la vie liturgique (cf. point 5, h). Le fait qu’une telle affirmation apparaisse dans le document signifie qu’au moins une partie des membres du synode a touché la question qui nous est proche, voire, qu’une discussion a eu lieu sans aboutir à une déclaration claire qui unirait l’ensemble des participants.
Il est alors peut-être temps, surtout si nous n’avons pris part à aucune étape de toute la démarche synodale, d’adresser maintenant nos observations sur ce sujet qui nous tient tellement à cœur, mais aussi sur les autres. Nous pouvons le faire soit en les envoyant directement à la secrétairerie du synode, soit en les communiquant à ses membres, évêques, prêtres, religieux ou laïques. C’est aussi l’une des manières de montrer que l’attachement à la Messe traditionnelle et à tout ce qu’elle porte n’est pas stérile, mais qu’au contraire, il nourrit spirituellement non seulement ceux qui participent à ses célébrations, mais qu’il peut aussi apporter de bons fruits à ceux qui n’y ont même pas songé.
Abbé Mateusz Markiewicz